Le jardin Diamant de Wechelderzande : un jardin qui se fond dans le paysage
Dans le paysage de pins de la Campine, à Wechelderzande, se niche un bâtiment remarquable : une construction en aluminium qui brille entre les arbres. Ce bâtiment a été conçu par le studio de design Fermetti. Autour de cette maison, le Kollektif Landscape, basé à Gand, a conçu un jardin subtil qui ne s’impose pas, mais se fond au contraire dans son environnement. Le ‘Jardin diamant’ est un modèle de sobriété, de sensibilité et de stratification paysagère.
« Nous ne voulions pas d’un jardin classique « autour d’une maison », mais plutôt un ensemble où le bâtiment, la végétation et le paysage se complètent », explique Björn Bracke, architecte paysagiste et urbaniste au Kollektif Landscape. « Le jardin suit les contours du terrain, s’estompe sur les bords et guide dans une circulation fluide autour du bâtiment. »

Des chemins subtils et une circulation fluide
La maison dispose de deux entrées principales, ce qui nécessitait d’en faire le tour complet. Le Kollektif a imaginé une structure de chemins qui guide naturellement le visiteur autour de la maison, que ce soit de l’allée au patio ou du coin salon à l’entrée latérale. Ce circuit se présente comme une toile qui s’étend autour de la maison. Au fil des élargissements et des rétrécissements, le mouvement prend forme dans l’environnement. On ne trouve aucune ligne droite, mais plutôt des mouvements souples réalisés dans un béton de couleur rouge. Cette couleur est en contraste avec tous les autres matériaux qui ont un aspect naturel et vert, comme les dalles herbeuses qui marquent la zone de stationnement. De légères élévations ont été aménagées sur les bords du terrain. Ces reliefs entourent le terrain sans le délimiter. Cela crée une intimité sans pour autant fermer l’espace. Les ondulations dynamiques autour de la maison sont soulignées par le dénivelé du terrain.



Maîtrise et liberté
Le Kollektif Landscape a opté pour la simplicité dans le choix des matériaux et des plantations. « Nous ne voulions pas créer du pur design, mais plutôt un paysage lisible et poétique », explique M. Bracke. « On a l’impression que la toile de béton rouge autour de la maison est la seule intervention du designer ». Ici, la simplicité n’est pas une contrainte, mais un choix en faveur de la force et de la lisibilité. Cette approche se retrouve également dans la gestion du chantier. Ainsi, il y a eu peu d’élagage, aucune irrigation technique et la création d’espace pour le développement spontané de la nature. Les espèces indigènes et les plantes ornementales cohabitent et peuvent se multiplier naturellement dans une certaine mesure.
« Ici, la simplicité n’est pas une contrainte, mais un choix en faveur de la force et de la lisibilité. »

Equilibre des plantations
Le jardin est situé sur un sol sableux sec et acide. De vieux pins y sont présents, ce qui a immédiatement orienté le choix des plantes. L’objectif était de trouver un équilibre entre la végétation de sous-bois – comme les fougères, les bruyères – et des plantes dont la présence a été pensée comme la sauge, le géranium, la
réglisse et la mousse. Dans le patio, un ginkgo biloba solitaire apporte la structure. « Le choix de cet arbre n’est pas fortuit », explique Bracke. « Il est sculptural, robuste et s’accorde parfaitement à l’architecture de la maison. »
« La frontière entre le jardin et le paysage s’estompe ici dans un jeu d’ombres, de textures et de temps. »


Un jardin sans limites
Ce qui rend le jardin Diamant si particulier, c’est la façon dont il se fond dans la nature environnante. Les limites de l’espace vert ne sont pas visibles : il n’y a ni clôtures ni bordures. La végétation s’étend à l’infini, le relief se fond dans la forêt et les matériaux utilisés restent neutres. La frontière entre le jardin et le paysage s’estompe dans un jeu d’ombres, de textures et de temps. Cette transition douce crée une sensation de calme, mais aussi d’émerveillement; on ne sait où s’arrête le jardin et où commence le paysage.
« Le jardin n’est pas une scène, mais des séquences : une série de moments qui se déroulent dans le temps. »



Des séquences plutôt qu’une scène
Le jardin n’est pas conçu comme une grande image, mais comme une série de petits moments. Un coin ensoleillé le matin, une vue entre les buissons, la lueur des herbes dans l’après-midi. Chaque endroit a son rythme, sans spectacle commun. Le jardin n’est pas une scène, mais des séquences : une série de moments qui se déroulent dans le temps. Cela permet au design de rester vivant, même en hiver. Les saisons déterminent le rythme, l’utilisation détermine l’itinéraire.
FICHE DE PROJET
Nom du projet et localisation: Jardin Diamant (Wechelderzande, Belgique)
- Client : Fermetti / propriétaire privé
- Conception : Kollektif Landscape (Björn Bracke, Joke Vande Maele)
- Plantations : en collaboration avec Tine Daems
- Architecture de la maison : Fermetti
- Superficie : ± 700 mètres carrés
- Réalisation : 2023
Caractéristiques techniques
- Type de sol : sol sablonneux sec et acide
- Végétation : mélange de végétation de sous-bois indigène et de plantesornementales (notamment sauge, géranium, fougères, ginkgo)
- Revêtements de sol : chemins en béton et dalles gazon
- Entretien : extensif, avec développement spontané
- Gestion de l’eau : infiltration naturelle
- Intégration architecturale : transition fluide entre le bâtiment, le jardin et la forêt
Texte : Manuel Lub
Photos : Kollektif Landscape