Le paysage: une branche qui arrive à maturité

L’Union Nationale des Entreprises du Paysage (Unep) dévoile les chiffres clés de la branche du paysage 2013-2014 en France.

Après une croissance soutenue sur les dix dernières années, les chiffres témoignent aujourd’hui d’un secteur parvenu à maturité. Le début d’année 2015 est toutefois préoccupant, notamment avec une forte contraction des marchés publics liée à la baisse des dotations des collectivités locales.

 

Stabilisation

Entre 2004 et 2012, le chiffre d’affaires du secteur avait fortement progressé (+31% en huit ans). Il subit cependant des coupes budgétaires, notamment sur les marchés publics. Ainsi, le chiffre d’affaires global se stabilise en 2014 à 5,34 milliards d’euros, la croissance du nombre d’entreprises est proche de zéro (+200 entreprises par rapport à 2012 soit 28600 entreprises en 2014) et le nombre d’actifs décroît (-1,5%).

Les 28600 entreprises de la branche sont principalement des structures récentes et de petite taille : 62% ont moins de huit ans d’existence et 63% n’emploient aucun salarié.

«1,5% de croissance entre 2012 et 2014, cela paraît peu. Pourtant ce chiffre témoigne de la capacité de résilience des entreprises du paysage dans un contexte économique morose où la crise est venue grever les budgets des particuliers et des collectivités. Vecteur de lien social et de santé publique, climatiseur urbain face au réchauffement climatique, le végétal ne saurait se résumer à un atout uniquement esthétique, ce que les Français ont bien compris en le plaçant au cœur de ses préoccupations pour la ville de demain.» explique Catherine Muller, Présidente de l’Unep.

 

Une politique d’investissement dynamique

La stabilité du secteur se mesure aussi à l’a une de sa politique d’investissement. En 2014,  56% des entreprises du secteur ont investi et l’on constate une augmentation de la part du chiffre d’affaires global qui y est consacrée (5,5%). Les investissements ont principalement consisté en l’acquisition de matériel de chantier, d’outillages et de véhicules.

 

Nouvelles compétences

Le nombre d’actifs, salariés et non-salariés, diminue de 1,5% pour s’établir à 9100 en 2014. Cette évolution traduit globalement les anticipations des entrepreneurs quant à une évolution défavorable de leur activité, notamment sur les marchés publics.

Après huit ans d’augmentation continue des effectifs, on constate une diminution importante du nombre des embauches, ainsi qu’un non-renouvellement des contrats précaires (saisonniers et CDD). Le nombre d’apprentis a également baissé pour la première fois cette année passant de 14% à 12,5% du nombre des salariés, principalement à cause de l’absence de message clair de la part des pouvoirs publics sur les aides existantes.

Pour rester au plus près des nouvelles compétences exigées par les demandes des Français (génie végétal, gestion «zéro pesticides»,…), les entreprises se professionnalisent, continuent d’investir et de former leurs salariés. Ainsi, les embauches se font à un niveau plus élevé d’études: 71% des salariés étaient diplômés en 2001; 13 ans après, ils sont plus de 81% à détenir un diplôme. La formation continue est elle aussi prisée par les entrepreneurs: 27% des salariés ont suivi une formation en 2014. Surtout, la durée moyenne des formations est de 8,5 jours en 2014, soit 3 jours de plus qu’en 2012 (9 jours pour les ouvriers et 9,5 pour les employés). Paysagiste est un métier qui ne s’improvise pas!

 

Les marchés publics

L’activité des entreprises du secteur se contracte globalement de -2% au 1er trimestre 2015 et enregistre une nouvelle baisse de -3% au 2ème trimestre 2015.

Les marchés publics enregistrent une baisse record de -6% au 1er trimestre et -4% au 2ème trimestre, par rapport à la même période de l’année précédente.

Les attentes des citoyens en matière d’espaces verts semblent ne plus être entendues par les collectivités, obligées de réduire leurs dépenses. Pourtant,

chaque espace vert urbain, en améliorant la qualité de vie des habitants, est un atout indéniable pour les municipalités.

Quant au marché privé collectif, il tente de se maintenir : s’il enregistre lui aussi une baisse de -3,5% au 1er trimestre il remonte de 1%  au second.

Dans le sillon d’une fin d’année difficile, l’activité auprès de la clientèle des particuliers ne parvient pas totalement à se redresser au cours de ces deux premiers trimestres 2015.

L’activité des paysagistes enregistre un recul de 1% de son chiffre d’affaires tant au 1er qu’au 2ème trimestre 2015.

L’activité de création de jardins et d’aménagements paysagers a particulièrement souffert en ce début d’année: -4% au 1er trimestre et –3,5% au 2ème trimestre.

Les activités d’entretien résistent mieux (-1,5 % sur les deux trimestres).

 

Des perspectives encourageantes

Les carnets de commandes occupent la 1ère place des préoccupations des chefs d’entreprise. En effet, plus de trois chefs d’entreprises sur dix expriment cette inquiétude. En lien avec la mauvaise orientation de son activité, les marchés publics (entrés dans le Top 10 le semestre dernier) sont la 3ème cause de leurs préoccupations, juste après le maintien de l’activité (2ème cause).

Parallèlement à ces données préoccupantes, les effectifs des entrepreneurs du paysage se renforcent. Le taux d’embauche est légèrement supérieur au taux de départ tandis que la proportion d’entreprises déclarant avoir investi rebondit (55% contre 48% en fin d’année 2014). Les entrepreneurs se montrent également confiants puisqu’ils anticipent à 65% le maintien de leurs marges.

Pour Catherine Muller, Présidente de l’Unep, «En cette année de COP21, il n’est plus possible de nier l’importance de nos entreprises du paysage et de nos métiers pour répondre aux enjeux environnementaux et de santé publique. Nos métiers sont promis à un bel avenir à condition de continuer à nous remettre sans cesse en question, à nous former, à innover, pour répondre toujours mieux aux attentes de nos clients et aux besoins des Français : chaque jardin compte !»

UNEP