Les Français veulent plus de nature en ville
Smart city, villes résiliente, ville intelligente, ville connectée … les villes de demain sont au coeur des grands enjeux de notre époque. Nous serons en effet 75% à vivre en zones urbaines en 2050, ces espaces représentent déjà deux tiers des émissions de gaz à effet de serre, et sont devenus des sujets de santé publique via notamment les répercutions sociales et sanitaires de la pollution atmosphérique urbaine.
Les Français veulent plus de nature en ville, premier critère attendu des « villes de demain », devant la réduction de la pollution et davantage de mixité habitat-travail, selon une enquête nationale de NewCorp Conseil. Parmi une quinzaine de critères testés pour qualifier ce qui représenterait le mieux pour eux l’idée de la ville de demain, les Français décernent le podium suivant : + de nature, – de pollution, + de mixité.
Avec 53% des suffrages, « une ville qui remet la nature au coeur de la ville » arrive nettement en tête des critères de la ville de demain attendue des Français, suivi par « une ville qui ne pollue pas » pour 42% des personnes interrogées et « une ville qui propose une bonne mixité entre vie économique et sociale, entre travail et habitat » à hauteur de 39%.
Alors que les termes sont largement utilisés et repris par les élus et les professionnels pour parler de cette ville du futur, l’idée de « ville connectée » (22%), de « ville numérique et digitale » (14%) ou encore d’une « ville high tech, à la pointe de la technique et de l’innovation » (14%) arrivent en bas de classement, devancés, au delà du trio de tête, par « une ville économe en énergie » (36%) ou « 100% énergies renouvelables » (33%). En matière d’autosuffisance, il est intéressant de remarquer l’égalité entre l’alimentaire et l’énergie: « une ville capable de produire des denrées alimentaires, par des espaces maraichers ou agricoles » (29%), et « une ville qui produit sa propre énergie » (28%).
Au delà d’une ville technique et connectée, c’est donc bien l’idée d’une ville à vivre qui ressort davantage de ces priorités, reclassant les technologies et smart grids dans la catégorie des moyens et non des finalités. En résonance avec le fort retour du végétal dans les projets architecturaux et urbanistiques du moment (le « vert » est omniprésent dans les appels à projets et concours actuels, à l’instar de « réinventons la Métropole du Grand Paris »; les « éco-quartiers » se sont extraordinairement développés depuis 5 ans), les enjeux de biodiversité interpellent régulièrement l’opinion publique, et les livres ou émissions sur la nature ou les forêts connaissent de grands succès populaires. Ce besoin ressenti et exprimé de reconnexion avec la nature touche donc bien naturellement la principale zone d’habitat et de vie des hommes: la ville.
Une attente de ville-nature à la fois protectrice, apaisante et nourricière que nous retrouvons encore plus fortement exprimée auprès des femmes (56% versus 50% auprès des hommes sur cette attente de nature au coeur de la ville), tout comme l’idée de ville productrice de denrées alimentaires par des zones agricoles ou maraichères (33% versus 24% auprès des hommes) ou encore « zéro déchets » (32% versus 23% pour les hommes). Des hommes quant à eux, et traditionnellement, beaucoup plus technophiles, qui expriment un plus fort intérêt pour l’idée de « ville connectée » (26% versus 18% pour les femmes), de « ville numérique et digitale » (19% vs 8%) ou encore « high tech » (18% vs 9%). Un clivage hommes-femmes intéressant sur ces dimensions nature versus technologie, mais un consensus sur les principes généraux de non pollution, de mixité sociale, d’économie d’énergie ou d’énergies renouvelables.
Une tendance de l’opinion publique corroborée par un autre indicateur révélé par l’étude qui montre que 92% des Français estiment qu’il n’y a « pas assez de nature en ville ». Une opinion d’autant plus forte qu’elle progresse nettement entre 2016 et 2017 (de 76% à 92%), et qu’ils sont même 52% à être « tout à fait d’accord » avec cette assertion (versus 34% en 2016). En corollaire, 87% des personnes sondées estiment que « les villes sont de plus en plus polluées » (dont 47% tout à fait d’accord), et 82% considèrent que « l’air est de plus en plus irrespirable en ville » (versus 67% en 2016). Deux ressentis encore plus nettement exprimés par les femmes de l’échantillon, plus sensibles à ces questions de manière évidente.
Pour répondre à ces enjeux, les Français sont convaincus de l’importance du rôle des villes (et donc des élus). Ils sont en effet 90% à penser que « les villes ont un rôle majeur à jouer en matière de lutte sont le réchauffement climatique et de transition énergétique », en nette progression là encore (75% en 2016). Ils considèrent d’ailleurs (à 68%) que les autorités des collectivités territoriales ont sans doute un plus grand pouvoir d’agir sur ces questions que les instances nationales et que pour cela les villes doivent impérativement être davantage économes en énergie (93%). Dans ce contexte, l’idée de réduction de la circulation automobile, sujet sensible qui remet en cause les habitudes des citoyens, semble également progresser dans les mentalités et opinions car ils sont dans l’étude 77% à adhérer à cette idée (+ 15% versus 2016). En outre, même si l’adhésion est plus forte auprès des femmes, cette perspective recueille aussi l’adhésion de la majorité des hommes.
Toutefois, si les Français estiment certes majoritairement que « demain les villes seront davantage respectueuses de l’environnement » à hauteur de 72% et en progression (60% en 2016), ce consensus est plus mou dans l’intensité de la réponse (19% « tout à fait d’accord » pour 53% « plutôt d’accord »). Il ne sont surtout que 46% à être convaincus que « les élus sont soucieux du cadre de vie des habitants » (dont un faible 8% de « tout à fait d’accord »). Un petit signal d’alarme qu’il faudra sérieusement prendre en compte pour ne pas oublier de placer les hommes et les femmes au coeur de ces villes de demain. D’autant plus qu’aujourd’hui, une fracture se dessine également dans l’étude entre 50% des Français qui déclarent aimer vivre en ville et les autres 50% qui n’aiment pas y vivre. S’ajoute à cela une perception négative de la dynamique de fond car, malgré les prises de conscience en cours, seule une minorité des Français (42%) considèrent que « les villes sont de plus en plus agréables à vivre ». La réinvention de nos écosystèmes urbains devra répondre à ces enjeux pour que ce besoin de reconnexion homme-nature serve aussi bien les intérêts de l’un et l’autre, la nature et les hommes.