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Marc Verachtert : « Comprendre la vie du sol, un atout pour le secteur vert ! »

« Je l’avoue, ma connaissance de l’indispensable vie du sol ne va pas au-delà du lombric. Qu’y puis-je si ces créatures microscopiques sont invisibles, imperceptibles et inodores ! Mais j’admets que ces bestioles, bactéries et mêmes moisissures ont tout mon intérêt. C’est pourquoi j’ai même enterré des sous-vêtements dans mon jardin le printemps passé.

«A l’exemple d’un projet de l’Université de Nouvelle-Angleterre (Australie, www.une.edu.au). En 2018, ils avaient déjà mis 50 agriculteurs sur ce projet. Tous les micro-organismes du sol semblent friands de coton. Je saurai donc, s’il n’en reste presque plus rien au bout de trois mois, que mon jardin se porte bien. Si, au contraire, j’en retrouve un grand morceau, mauvaise nouvelle !»

«On peut opter pour les sachets de thé, vous épargnez vos petites culottes et c’est plus facile. Et si une telle action est soutenue par des institutions scientifiques, des journaux et des magazines, alors tout va bien !»

«Les bestioles vont se régaler. La question est naturellement de savoir si l’infusion sera à leur goût. Si ce n’est pas le cas, elles pourraient bien faire un large détour (à leur échelle) pour l’éviter. Mais, au vu des partenaires du projet, nul doute que les préférences gustatives des participants auront été très sérieusement étudiées.»

«Je veux donner un conseil supplémentaire aux acteurs de ce projet de science citoyenne : marquez avec grand soin l’endroit où vous aurez enterré les sachets ! Les retrouver ensuite ne sera pas chose facile. Ils sont tout petits et seront placés dans un jardin toujours plus vert, garni de plantes toujours plus grandes. Je songeais à recourir à une croix, comme au cime- tière. Mais un jardin dans lequel des sous-vêtements sont déjà enterrés en trois endroits susciterait des questions difficiles de la part des visiteurs. Planter un végétal au-dessus ? Mauvaise idée ! Celui-ci pourrait interagir avec la vie du sol. Idem pour l’idée de marquer l’endroit avec un pot à fleurs. Vous assécherez la terre, et c’est justement à éviter !»

«Il faut des résultats justes. C’est important. Y compris pour les entrepreneurs en jardinage et autres professionnels du végétal. Il y a bien trop longtemps que nous négligeons la vie du sol. Nous comptions sur la force magique, réelle ou non, d’une grande diversité de produits d’amendement, d’engrais, et ajoutez vous-même ce que vous avez vu en rayons ou ce qui vous a été conseillé par des vendeurs. Maintenant que, de notre propre chef, ou à la demande – voire sur l’insistance – de clients, nous nous parons d’une image toujours plus verte, nous sommes plus conscients de ce que nous faisons. En fait, nous nous rendons compte qu’une vie du sol saine favorise la croissance et la santé des plantes, qu’il s’agisse de couvre-sol, d’arbres ou de grimpantes de la hauteur d’une maison. Elle rend les engrais plus disponibles, et fournit aux racines un environnement qui leur permet de mieux absorber la nourriture, et en plus grande quantité. Ajoutez à cela qu’un sol en bonne santé rend même les plantes plus résistantes à la chaleur, et vous comprenez que c’est l’avenir.»

Marc Verachtert : « Comprendre la vie du sol, un atout pour le secteur vert ! »
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«Comment stimuler les micro-organismes si nous ne les connaissons pas, pas plus que leur nombre et leurs interactions. D’où l’importance extrême d’un projet comme celui-ci ! Nos jardins y gagneront, notre profession aussi. Nous ne devons surtout pas l’ignorer ou nous montrer condescen- dants sur ce qui paraît relever d’une écologie soixante-huitarde. Les pro- jets de science citoyenne ont d’ailleurs souvent montré leur valeur ajoutée incontestable !»

Marc Verachtert est journaliste spécialiste du jardin, il écrit pour des journaux et magazines et collabore à divers programmes TV sur le jardinage. Il a entre autres publié, avec Bart Verelst, Manuel pratique du jardin climatique (février 2020) et Manuel du jardin éponge (mars 2023).