Paris / Tour de la biodiversité
M6B2, la tour de la biodiversité déploiera bientôt son îlot de verdure dans le 13e arrondissement parisien. Surnommé le Vertical Chameleon, elle sera recouverte de végétaux de la tête aux pieds afin d’offrir à la capitale la biodiversité qui lui fait cruellement défaut.
Après son “Immeuble qui pousse” de Montpellier et sa “Flower Tower”, l’architecte Edouard François s’est attelé à un nouveau projet green et ambitieux.
Bénéficiant d’une exception au plafond parisien des 37 mètres, l’édifice culminant de la tour M6B2 atteint les 50 mètres. Végétalisée à l’aide d’espèces issues de milieux sauvages, elle devient semencière : elle permet aux vents de diffuser des graines de rang 1 dans son environnement immédiat, devenant alors un outil d’aménagement mais aussi de régénération à l’échelle de la métropole parisienne, sur laquelle elle distille une aura « green ». Loin de l’exploit ou de la provocation, la hauteur permet ici de rejoindre une aspiration primordiale pour l’environnement urbain : la biodiversité. Son revêtement de titane génère des effets de moirage qui contribuent à son aspect changeant. Si sa morphologie organique illustre sa fonction, sa vêture redonne ses lettres de noblesse à son programme : car il s’agit là de 18 étages de logements sociaux dans Paris intra-muros, dotés de balcons filants en plein ciel.
Le cœur d’îlot s’étend, lui, comme une prolongation de la façade végétale, drapant jusqu’aux pieds des autres bâtiments. Ces derniers, plus bas, aux géométries franches et aux façades métalliques (zinc, aluminium), sont postés de part et d’autre, tenant les angles des rues. On peut alors déambuler dans un jardin protégé, comme hors de la ville, entre arbustes et tapis de bruyère.
Pour faire pousser ses arbres, l’architecte Edouard François s’est inspiré des sapins en montagne qui arrivent à se développer dans des endroits incroyables, sur des parois rocheuses, avec peu de terre. Là il a utilisé de longs tubes en inox remplis d’un substrat de tourbe. Ce pour quoi il a fait des tests pendant trois ans. Une réussite, car les racines s’y développent très bien. Les tubes sont ainsi accrochés aux balcons et les arbres pourront atteindre cinq mètres de hauteur. L’arrosage est automatique et des jardiniers viendront s’occuper de l’entretien de temps en temps de la taille.
Tower Flower
Tower Flower du ZAC Porte d’Asnières a été livrée en 2004. Tower Flower incarne l’expression du désir de nature en ville. Située face au parc, Tower Flower en constitue la prolongation à la verticale. Avec ses pots de fleurs géants suspendus aux balcons, elle s’inspire des jardinières parisiennes qui sont parfois de véritables prouesses botaniques. Ses éléments de façades constituent l’une des premières applications du Ductal (Lafarge). Les logements destinés à l’accession sont libérés de tout mur porteur. Ils bénéficient du bruissement des bambous et d’une lumière filtrée par le feuillage.
L’Immeuble qui pousse
L’immeuble est un parallélépipède de 75 mètres de long sur sept étages, posé dans un parc, face au Lez, à Montpellier.
Les murs sont faits de gabions : des paniers grillagés contenant des pierres sèches assemblées à la main et du béton armé. Le soubassement est plus massif. Il est fait de gros blocs de pierres qui se dégradent vers le haut dans les étages, élevés en pierres plus fines et légères.
Derrière ces murs épais, les appartements restent frais l’été. La climatisation n’est pas nécessaire.
L’ensemble des façades est colonisé par des plantes qui habitent les interstices des roches.
Les appartements s’ouvrent sur de grands balcons bordés d’un garde-corps souple en bois de châtaignier. Chaque balcon a une jardinière en creux, d’où s’échappent des plantes grimpantes, fleurissantes et aromatiques. De la façade sortent des passerelles conduisant à des cabanes en bois, des loggias closes à ciel ouvert, juchées sur des pilotis. Implantés dans les arbres, ces séjours d’été extérieurs offrent une extension aux logements. On s’y promène sur des passerelles à la cime des arbres et, quand il fait beau, on déjeune dans une cabane sur pilotis.