Bruxelles / Un nouveau jardin pour l’ambassade de France par Erik Dhont

L’ambassade de France à Bruxelles va retrouver son lustre grâce à un nouveau jardin qui remplacera le jardin délaissé que René Pechère avait dessiné en 1961. Le paysagiste Belge Erik Dhont a remporté le concours organisé par le Cercle des Chênes. L’inauguration est programmé pour juin 2019

Lorsque l’on parle de l’art des jardins et de l’art des jardins français, deux antithèses se rejoignent: l’idée formelle d’un espace architectural avec son aspect rationnel et l’espace naturalisé qui fait référence aux plus grands philosophes. Suite à l’évolution du lieu, une solution est proposée par Erik Dhont dans le plus grand respect du patrimoine environnant et du contexte culturel. Erik Dhont : « Dans cette proposition, nous respectons le point fort du projet originel de Mr René Péchère, à savoir l’esplanade autour de la résidence. Une tension est créé entre les deux bassins et la subtilité d’un dessin rectangulaire afin d’obtenir par effet de perspective la vision d’une pièce d’eau à l’aspect carré s’ajoute aux clins d’œil sur l’art des jardins présents, discrets et invisibles au premier coup d’œil. »

«  Concernant le revêtement, la réutilisation de l’esprit du damier et des formes rectangulaires de Mr René Péchère permet une rationalisation et une rigueur dans la restructuration du jardin afin de créer un espace convivial, propice à la diplomatie, conjuguant lieux de promenade et lieux de réception. L’utilisation d’un revêtement en béton lavé permet de garantir une certaine fonctionnalité au lieu. »

Deux espaces séparés

Les deux espaces séparés du jardin nécessite une unification, de l’ambassade à l’administration jusqu’à la résidence. « On offre ainsi une continuité de l’idée initiale, en prolongeant la promenade architecturale. Le bassin central est alors remis en valeur et un second bassin non pas circulaire mais carré se présente en dialogue avec celui-ci. Les axes perpendiculaires invitent à la discussion, l’esplanade minéralisée a son pendant de théâtre de verdure, avec des talus d’arbustes et quelques accents botaniques. Ce théâtre de verdure est en réalité la troisième zone du jardin, en succession à l’esplanade et l’espace des deux bassins.»

Dans l’ensemble du pourtour du jardin, une nature architecturale cadre l’espace avec un socle de talus boisés, d’arbustes et d’arbustes fleuris. On peut retrouver dans ce talus des sculptures réparties de manière symétrique de part et d’autre de la promenade. On est ainsi guidé dans un sous-bois, à la végétation très variée et à l’aspect botanique important, dans l’esprit d’une re-naturalisation dans la ville, le tout dans un cadre architectural. Ces talus pouvant accueillir des statues ou des bustes ont également un éclairage intégré afin de rendre une notion de spatialité plus importante au lieu, et des banquettes sont aussi réparties de manière symétrique par rapport au chemin, au niveau des marches.

La terrasse exécutée possède deux renfoncements, également avec des banquettes intégrées, l’espace possède alors un cadre plus privé et la sensation de salon extérieur est accentuée; quelques pots avec des plantes parfumées sont disposés sur la terrasse.  L’espace peut être utilisé comme un lieu de réception ou comme un lieu de présentation.

Quelques meubles contemporains ainsi que des bacs à fleurs à la française peuvent être disposés de manière aléatoire, avec le parti pris d’un positionnement contemporain non architectural, ces éléments pouvant être déplaçable. L’intervention sur l’esplanade d’un artiste contemporain et l’on pense à Céleste Boursier-Mougenot par exemple, pourrait s’effectuer dans un dialogue revisité. Pour les grands évènements, on peut imaginer que des chaises peuvent être disposées sur la pelouse du théâtre de verdure, lors de la représentation d’un orchestre de chambre.

Au niveau de l’espace au pied de la résidence, un renforcement est dessiné: des socles en pierre avec des plantes grimpantes et des vasques intégrées, en attente de bouquet pour des évènements, renforcent l’espace central. L’espace pour les fumeurs est restauré, le renfoncement répond à ceux dessinés au niveau de l’esplanade, à nouveau la rationalité et la simplicité proposée avec quelques plantes grimpantes respecte le patrimoine environnant.

La flexibilité du lieu permet à une petite échelle de recevoir diplomates européens et nationaux, ou lors de soirées estivales le dessin rationnel permet à une plus grande échelle d’assurer convivialité et art de recevoir à la française.

On retrouve dans l’espace d’entrée situé boulevard du Régent le principe de damier présent dans le jardin, avec une structure identique. Une pelouse remplace le revêtement de brique comme un tapis vert et la surface carrossable de l’accès est réalisée dans la même béton lavé que celle utilisée dans le jardin.

« Au fil des saisons on apercevra l’aspect botanique du lieu, la force du printemps, les parfums d’été ou encore les couleurs automnales. Le rationnel embrasse la nature et les solutions architecturales affirment le caractère naturel du lieu : un jardin à la française symétrique, au dessin contemporain. »

Illustrations : Erik Dhont

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