Colloque internationale / Les allées d’arbres – de la guerre à la paix

La force symbolique du lien, qu’incarnent les allées d’arbres –  en s’affranchissant du temps et de l’espace – est un formidable atout : les allées peuvent, aujourd’hui encore, servir la mémoire ; elles peuvent mettre en relation des lieux et des personnes ; elles peuvent afficher la solidarité des citoyens, comme l’allée transfrontalière plantée en 2014 entre l’Allemagne et la Pologne. C’est ce que montrera le colloque international organisé les 12 et 13 novembre 2018 dans les Vosges, sur le thème “Les allées, de la guerre à la paix”.

Au lendemain du centenaire de l’Armistice, le colloque international, premier à être entièrement dédié aux allées d’arbres en France, met un coup de projecteur sur cette histoire et sur les actions de valorisation engagées aujourd’hui dans les différents pays par les citoyens et les pouvoirs publics. Il montrera les enjeux de conservation, liés à l’âge des arbres, mais aussi aux conflits d’usages, ou à la dénaturation des allées et leur banalisation. Les dynamiques engagées par des citoyens et des pouvoirs publics seront partagées.

En soulignant la capacité des allées à créer des liens et à servir l’idée de cohésion et de paix, le colloque vise à encourager la mise en résonance de lieux par des allées, existantes ou à recréer, et la plantation d’allées transfrontalières, signes tangibles des relations fortes entre citoyens. Le colloque jettera aussi les bases concrètes d’itinéraires culturels et touristiques structurés par des allées d’arbres.

Des intervenants australiens, canadiens, italiens, américains, britanniques nous expliqueront comment les allées d’arbres françaises ont constitué un élément majeur du théâtre de la 1ère Guerre mondiale. Comment poursuivre et écrire l’histoire de paix de demain ? Quel parti tirer de la richesse des allées, trame verte bien physique mais aussi lien symbolique, dans le temps et dans l’espace, entre les hommes – sans parler de leur marque dans le paysage et de leur potentiel touristique ? Ce sera l’objet de la table ronde finale.

Lorsqu’éclate la 1ère Guerre mondiale, on compte près de 3 millions d’arbres le long des routes françaises. Ces « allées » à la rigueur militaire canalisent toute l’énergie des troupes en direction du front. De plus en plus déchiquetées et lacunaires à l’approche du front, elles deviennent une clé de lecture de l’imminence de l’horreur. Lorsqu’elles subsistent, elles insufflent l’espoir en rappelant l’existence d’un ordre avant le chaos.

Les allées ont fortement marqué les soldats, notamment ceux venus du Commonwealth, découvrant l’exotisme de nos paysages. Elles ont inspiré en 1915 le vœu de l’officier britannique Gillespie de voir créer, à l’issue de la guerre, une route de pèlerinage sous la forme d’une « longue allée (…) des Vosges à la mer ». A l’issue de la guerre, des allées mémorielles furent plantées en Australie, mais aussi en Nouvelle-Zélande, au Canada, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie, inspirées, directement ou indirectement des routes européennes bordées d’arbres.

 

Des allées mémorielles

3 millions d’arbres, c’est ce que comptent à peu près les routes françaises lorsqu’éclate la 1ère Guerre mondiale. Ces « allées » à la rigueur militaire canalisent toute l’énergie des troupes en direction du front. De plus en plus déchiquetées et lacunaires à l’approche du front, elles deviennent une clé de lecture de l’imminence de l’horreur. Elles sont aussi des cibles facilement identifiables. Lorsqu’elles subsistent, elles insufflent l’espoir en rappelant l’existence d’un ordre avant le chaos.

Les soldats, notamment ceux venus du Commonwealth, sont fortement marqués. Ce motif est très présent dans leurs lettres, leurs dessins ou, plus tard, leurs récits. En 1915, l’officier britannique Gillespie émet le vœu de voir créer, à l’issue de la guerre, une « longue  allée (…) des Vosges à la mer ». L’abbé Lemire, député français, père des jardins ouvriers, exprime une demande analogue à la chambre des Députés en 1919.

Pendant et à l’issue de la guerre, des allées d’honneur sont plantées en Australie : chaque arbre, avec une plaque d’identification, y est dédié à un engagé. Nouvelle-Zélande, Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Italie s’en inspirent. L’Allemagne aura aussi quelques allées mémorielles de ce type.

Patrimoine culturel européen, les allées jalonnent – avec leurs spécificités et leur histoire propre – l’espace européen. Leur exploration est à la portée de tous, dans les déplacements quotidiens ou touristiques. La dimension esthétique améliore le cadre de vie des citoyens et sert l’image de marque des territoires, en même temps que leur rôle pour la biodiversité, la captation carbone et l’abaissement des températures en fait l’enseigne d’un tourisme durable.

En découvrant l’histoire des allées de mémoire liées à la 1ère Guerre mondiale, le colloque met un coup de projecteur sur la dimension culturelle des allées, résultat de 5 siècles de circulation des idées / des écrits, des hommes de l’art / de leurs commanditaires, des arbres eux-mêmes. Il nous donne ainsi un signal essentiel face au repli de nos sociétés.

Le colloque amorcera par ailleurs une mise en réseau d’allées et d’acteurs dans la perspective d’itinéraires touristiques et culturels. Les allées créent des liens physiques et symboliques. Elles servent l’idée de cohésion et de paix, en particulier dans le cas de plantations d’allées transfrontalières, comme en 2014, à la frontière germano-polonaise, dans un programme « Des allées, pas des frontières ».

www.allees-avenues.eu

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