Campus Novartis / Un quartier urbain durable et vert
Le campus Novartis, au nord-est de Bâle, est l’un des plus grands projets urbanistiques de Suisse. Le nouveau campus doit être transformé, d’un vieux site portuaire très pollué de 25 ha le long du Rhin, en un campus de recherche ultramoderne, durable et écologique, largement déserté par le trafic automobile et garni de bâtiments à la pointe du progrès et de grands parcs et espaces verts.
Pour créer leur plan d’ensemble, l’urbaniste Vittorio Magnago Lampugnani et l’architecte paysagiste américain Peter Walker se sont inspirés d’un plan urbain classique montrant des blocs de construction réguliers et de grands espaces verts le long des axes centraux et des rues adjacentes. Chaque élément de cette « ville dans la ville » est axé sur l’usager faible de la route. Ils ont également imposé un nombre de prescriptions pour la construction, par exemple en ce qui concerne la hauteur et l’orientation des bâtiments, ainsi que le nombre et la surface des espaces verts.
Le campus Novartis, qui occupe aujourd’hui plus de 10 000 chercheurs et employés de l’entreprise pharmaceutique Novartis, est devenu un élément architectural unique. On y trouve des réalisations d’architectes contemporains de renom tels que Frank O. Gehry, Diener + Diener, Sanaa, Raphael Moneo, Renzo Piano, Tadao Ando, Rem Koolhaas, Alvaro Siza, Rahul Mehrotra, Souto de Moura, Herzog & de Meuron, Yoshio Taniguchi, David Chipperfield et Peter Märkli. Un élément frappant est la superficie d’espace vert à côté, entre, dans et sur ces bâtiments.
Peter Walker
Peter Walker, du bureau américain PWP Landscape, a été chargé du plan d’ensemble paysager du campus, ainsi que de quelques jardins. Le Forum, au centre, est une place urbaine constituée de 35 chênes des marais (Quercus palustris), un arbre rappelant le passé celtique de Bâle, d’un grand étang pour koïs et d’un magnolia, l’« arbre de la satisfaction » qui fleurit à l’époque de la publication des résultats financiers annuels de l’entreprise.
Un deuxième jardin se positionne comme un lieu de rencontre et se compose d’un étang miroir peu profond et tout en longueur, enceint par 235 bouleaux de l’Himalaya (Betula utilis var. jacquemontii) planté sur un lit drainant de pierres du Rhin. Une haie cylindrique en hêtre taillé délimite un gazon longé par des sentiers en marbre blanc qui conduisent au bâtiment.
Günther Vogt
Le bureau de l’architecte paysagiste suisse Günther Vogt est réputé pour les nombreux jardins et parcs qu’il a réalisés pour le campus.
Pour le parc du campus d’une superficie de 2 ha, aménagé sur le toit en béton d’un parking souterrain, Vogt s’est inspiré de l’histoire géologique de la vallée du Rhin, jadis formée de glaciers et de rivières, mais entièrement sous le contrôle de l’homme aujourd’hui. Le parc, qui prend naissance à l’extrémité supérieure du toit du garage souterrain et s’étend jusqu’à la rive du Rhin, fait référence au paysage rhénan originel. La partie supérieure est conçue comme une forêt primaire ponctuée de gros blocs erratiques. Plus loin dans la forêt, ce sont des érables à feuille de tilleul qui poussent dans une rivière de blocs erratiques, comme s’ils avaient été amenés à cet endroit par un glacier. Plus ouvert, le centre du parc accueille des pelouses et des arbres solitaires, des chemins creux enclavés descendant vers le Rhin en se frayant un passage à travers la végétation. Les rives du Rhin, enfin, reçoivent une végétation alluviale.
Pour The Green, un jardin de 60 ha précédant le bâtiment de Frank O. Gehry, Vogt a puisé son inspiration dans le paysage alpin sauvage défendu par des glaciers. Une terrasse en flagstones calcaires de divers formats s’étend au pied des bâtiments et s’ouvre en éventail, à l’instar des cinq doigts de la main, sur la pelouse centrale. La transition entre les terrasses et la pelouse est assurée par des pierres calcaires brutes séparées par de la végétation. Le jardin est entouré de grands frênes.
Devant le bâtiment quasiment transparent, dessiné par le Japonais Saana, Vogt a conçu un jardin-étang minimaliste. La partie centrale est remplie d’eau de refroidissement des bâtiments et représente un damier formé de grandes dalles en grès de diverses épaisseurs rappelant la façade du bâtiment. Certaines dalles sont sous eau ; d’autres ressortent et produisent de ce fait un jeu de couleurs. L’hiver, lorsque l’eau est un peu plus chaude que l’air ambiant, l’espace se remplit de vapeur d’eau et se transforme en volume spatial dans le bâtiment transparent : un paysage rhénan abstrait formé de pierres, d’eau et de brume.
Vogt s’est également chargé du jardin vertical qu’il a réalisé avec de grandes plantations grimpantes ou suspendues longeant la façade ouest du bâtiment conçu par le cabinet indien RMA Architects. Le grillage est une construction métallique, apposée contre la façade sur laquelle de grands bacs de plantes sont montés. Au centre du bâtiment, une verrière abrite un jardin de type forêt vierge et un sol composé d’une mosaïque de plantes à grandes feuilles de différentes teintes et de plantes grimpantes qui s’élèvent vers le ciel à la recherche de lumière.
Pour le bâtiment Forum 3, dessiné par Diener+Diener, Vogt a conçu un jardin sous verrière, baptisé « Room of Plants ». Ce jardin renferme une grande collection de plantes, d’arbres, de buissons, de plantes grimpantes, d’orchidées, etc. qui, comme dans la forêt vierge, s’élèvent à différentes hauteurs de sorte que le point de vue sur la végétation varie à chaque étage du bâtiment.
Jardin pharmaceutique
L’architecte paysagiste suédois Thorbjörn Andersson, du cabinet Sweco Architects, a conçu pour le bâtiment de l’architecte portugais Souto de Moura, un ‘jardin des simples’ particulier. Il se compose de deux parties : un bosquet formé d’une double rangée de ginkgos, rappelant les rituels celtiques, et un jardin aromatique secret, inspiré des jardins monastiques du Moyen-Âge dans lesquels des herbes médicinales étaient cultivées. Le jardin, qui est en partie caché entre des haies d’ifs et des haies de hêtres se découvre pas à pas. Il révèle en son centre un jardin enclavé dans lequel des plantes médicinales sont alignées. Vu d’en haut, il ressemble à un tapis coloré. Deux petits ponts surplombant le jardin permettent d’admirer les plantations de près. Elles sont toutes identifiées au moyen de plaquettes en bronze disposées en bordure de parcelle. Le long du jardin, comme dans une bibliothèque, on observe quatre étagères de troncs d’arbres desquels sont extraits des substances pharmaceutiques. Des fontaines d’eau potable semblables à des amphores, créées par l’artiste suédois Pål Svensson, sont à la disposition des visiteurs.
Info
Deux samedis par mois, l’office du tourisme de Bâle y organise des visites guidées.