© Twentyten photo studio

Construire durable et circulaire sur un sol neuf

Le sol forme la base de notre existence. En effet, sans sol, il n’y a pas de nature et sans nature, il n’y a pas de vie. La couche supérieure de l’écorce terrestre nous nourrit, sert de fondation à nos maisons, nous offre des matières premières précieuses pour la production et rend nos corps à la nature lorsque nous passons de vie à trépas. Il y a donc de quoi lui être reconnaissant. Mais, alors qu’on s’attendrait à ce que la science nous permette de garder les pieds sur terre, nous avons longtemps été plutôt négligents avec notre sol.

Nous l’avons harcelé d’engrais, rempli de déchets, vidé de ses ressources avec avidité, mais aussi recouvert d’asphalte et de béton pour construire nos villes. Par conséquent, la viabilité de ces villes a été mise à rude épreuve en raison du manque de nature. Il est donc grand temps d’améliorer notre relation avec le sol.

© Twentyten photo studio

Applications durables et circulaires

Plusieurs initiatives gagnant actuellement du terrain démontrent que nous tentons d’améliorer notre relation avec le sol. La fondation ‘Wij.land’, par exemple, soutient les agriculteurs désireux de passer à une agriculture régénératrice, rétablissant l’équilibre entre l’agriculture et la nature. De son côté, l’entreprise Loop Biotech a développé un cercueil à base de mycélium qui permet au corps, après sa mort, d’être absorbé par le sol le plus rapidement possible. Dans le secteur de la construction également, plusieurs start-ups se concentrent sur des applications durables et ‘circulaires’, visant à développer un flux de production sans déchets ni matériaux résiduels. En réutilisant les matériaux excédentaires ou en concevant de nouveaux produits démontables et réutilisables.

Dans le secteur de la construction également, plusieurs start-ups se concentrent sur des applications durables et ‘circulaires’, visant à développer un flux de production sans déchets ni matériaux résiduels.

Dans le cadre du projet Urban Jungle par exemple, nous avons développé un paysage léger et modulaire qui crée une nature urbaine durable sur les toits, les façades, les places ainsi que dans les rues. C’est-à-dire un sol modulaire dans les endroits où planter en pleine terre n’est pas envisageable en raison de l’urbanisation. Ce ‘sol’ offre l’avantage qu’il pourra être retiré (temporairement) et qu’il est donc réutilisable.

Le sol comme lieu de culture alternatif

Pour permettre à la nature de s’exprimer dans des endroits où elle ne peut normalement pas le faire, le sol forme à nouveau le point de départ. Le défi consiste en effet à développer un lieu de culture alternatif permettant encore et toujours de développer une végétation saine malgré les restrictions en vigueur. Ce sol modulaire devra donc contenir un mélange sain de conditions diverses, comme l’humidité, l’oxygène, le pH et l’EC (valeur nutritive), mais aussi être léger, pouvoir être produit de manière responsable et rester abordable. Cela signifie qu’il faudra poser un regard critique sur l’utilisation des matières premières et utiliser celles-ci de la manière la plus durable possible.

L’émergence des matériaux ‘biosourcés’ ouvre des perspectives pour réduire notre impact sur la planète.

L’émergence des matériaux ‘biosourcés’ ouvre des perspectives pour réduire notre impact sur la planète. Le bois en constitue un bel exemple: ce matériau robuste pousse naturellement sur notre planète et offre des possibilités infinies. Au lieu d’émettre du CO2 lors de sa ‘production’, il ne fait qu’en stocker. Dès lors, qu’est-ce qui ne plaît pas dans le bois?

© Twentyten photo studio

Les solutions durables sont-elles plus coûteuses?

On entend souvent dire que les solutions durables sont plus chères. Mais plus chères que quoi? En incluant les conséquences de la pollution dans le calcul du coût des matériaux à fortes émissions, l’équation devient très différente. Notre économie actuelle n’est pas encore prête pour cela, mais dans peu de temps, nous envisagerons ces investissements sous cet angle. Il faut pouvoir apporter les changements nécessaires dans la construction et réduire davantage l’empreinte du secteur. Pour ce faire, nous pouvons attendre des lois et règlements, mais nous ne devons pas nous cacher derrière eux.

Aucune transformation ne vient des autorités: l’innovation et le changement viennent du marché. La récente crise de l’énergie en est l’exemple type: les prix augmentent et soudain, sans crier gare, nous pouvons réduire notre consommation de gaz d’un quart en un an.

Aucune transformation ne vient des autorités: l’innovation et le changement viennent du marché. La récente crise de l’énergie en est l’exemple type: les prix augmentent et soudain, sans crier gare, nous pouvons réduire notre consommation de gaz d’un quart en un an. Dans le meilleur des cas, les autorités peuvent nous aider à accélérer le processus en nous stimulant ou en nous décourageant. Dans certains cas, les options existantes ne devraient tout simplement plus être possibles pour forcer le changement. Si les poulets de batterie, les moteurs à carburant polluant ou les vols bon marché vers Gran Canaria n’étaient plus autorisés à être commercialisés ou devenaient inabordables, les gens commenceraient automatiquement à investir dans une meilleure alternative.

Les précurseurs qui s’engagent aujourd’hui dans cette voie seront finalement récompensés par l’avance qu’ils auront prise en adoptant une nouvelle approche de la construction et toutes les connaissances développées qui en découlent.

Cela commence par l’ambition de faire les choses différemment. La conviction qu’il faut le faire, parce qu’on ne peut pas continuer comme ça. Et il est possible de faire les choses différemment, car on construit déjà en bois et il existe déjà des bâtiments neutres en énergie (voire à énergie positive). Les précurseurs qui s’engagent aujourd’hui dans cette voie seront finalement récompensés par l’avance qu’ils auront prise en adoptant une nouvelle approche de la construction et toutes les connaissances développées qui en découlent. Cela nécessite un état d’esprit et une approche différents: “comment construire quelque chose de valable sans nuire à notre planète?”

Construction neutre en énergie et circulaire

L’année dernière, dans le cadre du projet Urban Jungle, nous avons eu le privilège de collaborer avec le photographe culinaire Willem Groeneveld sur le développement de son nouveau studio photo. L’objectif était de construire un bâtiment neutre en énergie et entièrement circulaire. Non pas parce qu’il y était obligé, mais parce qu’il trouvait cela important. On pourrait penser que quelqu’un qui, par ambition intrinsèque, veut construire mieux que les lois et réglementations en vigueur serait accueilli à bras ouverts par la commune. Mais en réalité, malheureusement, la collaboration avec la commune a précisément été ressentie comme un obstacle pour ce maître d’ouvrage.

Il s’est une nouvelle fois avéré que la bonne méthode n’est pas toujours la plus facile. Mais le résultat fantastique l’emporte sur tout le reste. Esthétique et chaleureux, le bâtiment offre une bonne acoustique et un climat agréable.

Les permis et exigences ont compliqué le processus de construction, surtout pour quelqu’un qui n’est pas actif dans le développement de projets au quotidien. Il s’est une nouvelle fois avéré que la bonne méthode n’est pas toujours la plus facile. Mais le résultat fantastique l’emporte sur tout le reste. Esthétique et chaleureux, le bâtiment offre une bonne acoustique et un climat agréable. Erigé en bois (bois lamellé-croisé), il a été équipé de panneaux solaires sur le toit tandis que dans le sous-sol a été installée une grande citerne d’eau de pluie pour arroser la verdure. Le Févier d’Amérique (faux chrysanthème) de six mètres de haut qui se dresse dans le patio filtre la lumière du soleil qui pénètre dans le bâtiment à travers la façade en verre. Malgré les défis, la construction a été très rapide.

Combien vaut un bâtiment responsable? Quelle valeur accordons-nous à des points comme la durabilité, la beauté et le confort? Cela fait-il augmenter la valeur des biens immobiliers et des loyers? Sera-t-il plus facile d’obtenir un financement pour un bâtiment durable? Ou s’agira-t-il d’une exigence de base pour construire? Comment transformer les systèmes de construction conventionnels en une forme de construction à l’épreuve du temps, sans sacrifier le rendement nécessaire au fonctionnement du marché? Autant de questions qui se posent et auxquelles le marché semble de plus en plus répondre. Et c’est tant mieux, parce qu’il doit en aller ainsi.

En réussissant à associer écologisation des bâtiments et processus de construction plus rapides, tout en restant abordables, nous pourrons contribuer simultanément à relever plusieurs défis majeurs, comme la crise climatique, la transition énergétique et la pénurie de logements. Il reste encore beaucoup de pain sur la planche, mais l’évolution est positive. De plus en plus de parties changent d’approche et veulent faire les choses différemment car cela ne peut plus durer. L’exemple vert fait des émules, car une fois que le résultat est là, tout le monde est enthousiaste. Et il est possible d’élaborer un dossier solide sur la base de ces résultats. Nous nous attelons donc à bâtir un nouveau fondement, à créer une symbiose entre l’homme et la nature, comme base d’un avenir durable.


Texte: Daan Grasveld 
Photos: Twentyten photo studio

fr_FRFrench