Exposition en plein air / Le Regard de Bruegel

L’année 2019 marque le 450ᵉ anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien. Le célèbre peintre habitait Bruxelles et se rendait dans le Pajottenland pour y puiser son inspiration. La commune de Dilbeek entend fêter cet événement avec une exposition en plein air comprenant des installations d’artistes, de paysagistes et designers de réputation internationale. Du 7 avril au 31 octobre 2019.

L’exposition en plein air ‘Le Regard de Bruegel’ dans le Pajottenland catapulte Bruegel au XXIᵉ siècle. Une balade pédestre permet de suivre le regard du peintre lorsqu’il composa ses imposants tableaux de paysages. Bruegel a peint la chapelle de Pede-Sainte-Anna et le moulin de Pede-Sainte-Gertrude. Ces monuments forment le point de départ d’une promenade d’environ 7 km le long de 15 installations. Quinze artistes, designers et architects et paysagistes laissent leur marque à travers le paysage qui a inspiré Bruegel. Ils réalisent des pavillons, des constructions, des plantations, des figures paysagères, une histoire, une installation. Ils utilisent le lieu et jouent avec l’espace. Souvent, ils créent de nouveaux environnements inattendus. La promenade commence à l’église de Sint-Anna-Pede.
Sur Bruegel et le Pajottenland

Nous savons peu de choses sur Bruegel même, hormis le fait qu’il est mort à Bruxelles en 1569. L’année précédente, il peignit deux tableaux sur lesquels on peut voir des édifices situés à Dilbeek. La chapelle de Pede-Sainte-Anna est reconnaissable dans La parabole des aveugles. À quelques minutes de marche de la chapelle, se trouve le moulin restauré de Pede-Sainte-Gertrude. Selon certaines sources, la version du XVIᵉ siècle de ce moulin figure dans La pie sur le gibet.

La perspective adoptée par Bruegel dans ses tableaux est particulière : une vue en plongée sur un paysage artificiel avec un effet scénographique dramatique. Bruegel jetait un regard unique sur le paysage brabançon. Par ailleurs, il ne peignait pas « d’après nature », mais composait et remodelait ses paysages à la manière d’un photoshoppeur avant la lettre.

Nous estimons qu’il réalisa des esquisses des Alpes au cours de ses voyages en Italie et qu’il les intégra dans ses tableaux, tout comme nous supposons qu’il se rendait dans le Pajottenland à pied depuis Bruxelles pour compléter les morceaux manquants de ses célèbres tableaux de paysages.

Rotor – Pavillon des visiteurs
Le pavillon des visiteurs pour Le regard de Bruegel s’intègre discrètement dans le cadre environnant. Rotor utilise une grande haie de thuyas de 25 m de longueur, 3 m de large et 4 m de hauteur comme façade et y perce un trou permettant d’accéder au pavillon. La serre est en grande partie construite à partir de matériaux provenant de rénovations. Le pavillon est relativement simple, mais aussi surprenant. Y a-t-il des gens qui marchent sur la haie?

 

Filip Dujardin – TOPOgrafie
Le photographe expose dans l’église Sainte-Anne un panorama composé de photos du paysage du Pajottenland. Filip Dujardin crée ainsi un paysage fictif, tout comme Bruegel le faisait en associant des éléments de différents paysages dans un seul et même tableau.

 

Filip Dujardin – Artefact 1 & 2
Un gigantesque rocher émerge à un endroit inattendu, après un virage. Le photographe Filip Dujardin prend des éléments typiques des tableaux de Bruegel, les agrandit et les dispose dans le paysage

 

Koen van den Broek – Exit
Koen Van den Broek se base sur son tableau Exit pour placer une intervention en trois dimensions sous l’un des 17 ponts du viaduc ferroviaire. À travers une porte, le spectateur porte le regard sur un paysage fictif qui possède des éléments aussi bien urbains que naturels.

 

Erik Dhont – (Re)-construction
Sur un lopin de terrain délimité, le paysagist Erik Dhondt prend quelques mesures visant à faire revenir la faune et la flore autrefois présentes ici. Dans une optique de durabilité, Erik Dhont recherche un maximum de résultats pour une intervention minimale. Le cours actuel du ruisseau est élargi ce qui permet à l’eau de reprendre sa place. L’humidification des zones environnantes a pour but d’accroître le monde botanique. Une succession de zones fermées et ouvertes renforce la dynamique et sert de points d’orientation, de points de vue et de haltes au cours de la promenade.

 

OFFICE KGDVS & Bas Princen – Dilbeek Curtain Pavillion
L’intervention se compose d’une structure circulaire légère réalisée en aluminium et placée dans un bois dense. Grâce à la juxtaposition d’une nature morte – photos de plusieurs tableaux de Bruegel – et de la nature silencieuse, le visiteur pénètre dans un intervalle où la photo et la réalité se fondent presque parfaitement l’une dans l’autre.

Le bureau OFFICE Kersten Geers David Van Severen est reconnu au niveau international pour sa pratique architecturale originale alliant réalisations et projets théoriques. Leurs projets sont d’une simplicité trompeuse et solidement ancrés dans la théorie architecturale. OFFICE ramène l’architecture à son essence et à sa forme la plus originelle. OFFICE collabore avec le photographe Bas Princen depuis une dizaine d’années.

 

Bas Smets – ‘Des craeyen ende raven aes’
Pierre Bruegel l’Ancien composait ses peintures à la manière d’un collage d’éléments paysagers observés lors de ses voyages. Dans la peinture Le Triomphe de la Mort il représente un paysage apocalyptique, dans lequel les arbres sont remplacés par des roues à supplice.

Le paysagist Bas Smets reconstruit un fragment de cette peinture en réalité, à un endroit où Bruegel aurait pu le voir. Les roues à supplice, à l’époque décrit comme ‘appât pour les corneilles et corbeaux’, serviront comme lieu de repos et chant pour les oiseaux. De cette manière Smets complète le cycle entre perception, imagination et construction.

Landinzicht – Jeux d’enfants
Les Jeux d’enfants de Pieter Bruegel ont inspiré Landinzicht, un bureau d’architectes-paysagistes situé à Bruxelles, pour la création d’un terrain de jeu dans le Geboorteboomgaard. Le terrain de jeu se compose d’objets du paysage : pneus automobiles, bottes de foin, baignoires et conteneurs, sans oublier les moutons qui sont aussi de la partie. Une ode au jeu d’extérieur dans un lieu symbolique. Le Geboorteboomgaard symbolise en effet le souhait que chaque enfant puisse grandir dans une commune saine, verte et adaptée aux enfants.

 

Guillaume Bijl – Bruegelfeest in de Ponderosa
Guillaume Bijl crée un décor de fête populaire où dominent les plaisirs et l’abondance de nourriture et de boissons. Il questionne l’authenticité de cette expérience festive qui caractérise encore aujourd’hui de nombreuses fêtes villageoises en Flandre.

 

Gijs Van Vaerenbergh – Study for a Windmill
Le duo d’architectes Gijs Van Vaerenbergh a conçu un moulin à vent en acier armé, inspiré des dessins au trait de Bruegel. Les moulins jouent un rôle important dans chaque peinture et gravure de Pieter Bruegel, comme dans le Portement de croix de 1568. La construction légère représente la relation qu’entretenait autrefois le paysage productif et le caractère villageois aujourd’hui disparu. L’œuvre est située dans un paysage ouvert et visible de loin.

 

Futurefarmers – A Harvest Festival for a New Peasant Movement
Avec les agriculteurs Tijs et Li Mester, Futurefarmers a semé un champ de différentes variétés de céréales anciennes et/ou rares qui étaient cultivées à l’époque de Bruegel dans le Pajottenland. Ensemble, ils mettent en place un festival de moissons qui mise sur le raccourcissement de la chaîne entre l’agriculteur et l’acheteur de produits locaux, comme le pain. Ce collectif d’artistes américain est emmené par Amy Franceschini.

 

Georges Rousse – Sint-Anna-Pede 2019
L’intervention se compose d’une construction à demi transparente de planches de bois. Cette « maison » est partiellement peinte, apparemment sans forme ni intention. C’est une sorte d’illusion d’optique qui dure jusqu’à ce que l’on trouve le point de vue où l’image se révèle. Tous les fragments peints forment ensemble un grand cercle qui n’est visible que d’un seul coin.

 

Lois Weinberger – Garten
L’artiste autrichien Lois Weinberger délimite une parcelle de terrain dans le domaine du moulin de la Pede. Pour ce faire, il utilise des portes posées à l’horizontale et laisse la nature suivre son cours à l’intérieur. Cette parcelle de terrain fait ainsi partie du paysage « naturel » grâce à la croissance spontanée de la végétation présente.

Dans le langage figuré complexe du XVIᵉ siècle, presque tout objet était porteur d’un sens. Les portes symbolisaient l’accès au paradis et représentaient le passage d’un état à un autre. Chez Bruegel, les portes sont utilisées pour porter de la nourriture ou comme trébuchet.

 

Lois Weinberger – Kuh
Kuh (vache en allemand), Weinberger s’est inspiré de la race bovine rouge de Flandre-Occidentale. La vache réaliste en aluminium peint se tient au bord d’un petit lotissement avec vue sur une prairie où paissent de véritables vaches à taches noires et blanches. La vache façonnée est donc l’intruse. Elle n’est d’ailleurs pas dans le champ, mais dans l’agglomération, clin d’œil au regard critique subtil que Bruegel intégrait souvent dans ses tableaux.

Josse De Pauw – Histoires sur le pays de Bruegel
Auteur et acteur, Josse De Pauw s’adresse au visiteur à cinq points du parcours avec un petit texte à écouter, disponible en français et en néerlandais.

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