Paris / Les jardins entrent au musée [VIDEO]

L’exposition “Jardins”, jusqu’au 24 juillet 2017 dans les Galeries national du Grand Palais à Paris, considère à la fois l’histoire de l’art des jardins et celle des expositions sur ce thème, qui a peu retenu l’attention des institutions culturelles.

Dans un parcours immersif et poétique, peintures, sculptures, photographies, dessins et installations retracent six siècles de création autour du jardin: de la renaissance à nos jours, entre connaissance scientifique et délectation artistique.

 

 

Miroir du monde

Miroir du monde, le jardin rend compte d’une manière de voir la nature, de la mettre en scène et de la penser. Il est marqué par l’empreinte de l’homme, qui en fait, surtout à partir de la Renaissance, une oeuvre d’art totale.
Cette exposition “Jardins” se concentre sur les expérimentations menées en Europe, et plus particulièrement en France, de la Renaissance à nos jours. Si le jardin médiéval est souvent le point de départ des grands panoramas de la discipline, l’histoire de l’art comme celle de la botanique invitent à privilégier un autre commencement.

À la Renaissance, savants et artistes, animés par une nouvelle démarche critique, relisent les sources antiques, illustrées par la présence inaugurale, dans l’exposition d’une fresque de la Maison du Bracelet d’or de Pompéi, à la lumière d’une observation minutieuse de la plante.

Ces réinterprétations, accompagnées de véritables révolutions artistiques incarnées par les extraordinaires dessins d’Albrecht Dürer, conduisent aussi à la création à Padoue (1545) du premier jardin botanique. Si les plantes y sont toujours cultivées pour leur rôle utilitaire, leur rassemblement a désormais aussi une vocation démonstrative et sert de support à l’enseignement scientifique.

L’hortus conclusus médiéval se brise et s’ouvre au monde, avec des jardins qui s’enrichissent des découvertes des grands explorateurs. Il s’ouvre aussi au paysage, entre dans le champ des arts et devient un véritable projet pictural pour des artistes qui disposent, notamment grâce à la perspective, d’outils de représentations inédits et révolutionnaires.

Au gré des salles, peintures, sculptures, photographies, films et installations évoquent cet univers, de la Renaissance à nos jours, en Europe et en France.

La scénographie a pour fil conducteur le film de Peter Greenaway, Meurtre dans un jardin Anglais, et ménage aux visiteurs des surprises, pour transposer l’ambiance de la promenade.

Dans ce parcours, où s’entremêlent les histoires de l’art et des sciences, une promenade se dessine où le jardin “réel”, ni littéraire ni symbolique ni philosophique s’entend comme un ensemble botanique et une construction artistique.

Promenade jardiniste

L’exposition, conçue comme une « promenade jardiniste », réunit les plus grands artistes : Dürer, David, Monet, Cézanne, Picasso, Matisse, Klimt, Emile Claus ou encore Wolfang Laib.

L’exposition est introduite avec trois oeuvres, d’Albrecht Dürer, de Giuseppe Penone et une fresque de Pompéi. Celles-ci posent les éléments de la première partie : eau, ciel, plantes, terres. Une centaine d’oeuvres évoquera ensuite le réel et l’artificiel avec les herbiers, des végétaux en cire et même des bijoux.
La deuxième partie traitera des jardins proprement dits, présentant des plans de Jacques Androuet du Cerceau à aujourd’hui. Puis le visiteur sera immergé dans le jardin, quasi à taille réelle, grâce à des oeuvres de David, Monet, Klimt, Moser, Picasso, et la magnifique Fête à St-Cloud de Fragonard.

De la petite touffe d’herbe d’Albrecht Dürer au “jardin planétaire” de Gilles Clément, les jeux d’échelles constituent un fil rouge de ce parcours. La visite commence avec la terre, prélude à un vaste ensemble qui met à l’honneur les éléments premiers et le vocabulaire des jardins. Une sélection d’œuvres aux formats et aux matériaux divers évoque ces composantes essentielles.

Échantillons de sols, fleurs et fruits en verre et en plâtre, outils de jardiniers, feront l’objet d’un accrochage dense aux allures de cabinet de curiosité. L’herbier, entendu comme un jardin sec, sera au cœur de ce premier ensemble placé sous le signe de l’inattendu.

Ce vocabulaire laisse progressivement place à la syntaxe. Qu’il soit décomposé, analysé, représenté ou imaginé, le jardin est toujours pensé en lien avec une figure dont la présence rythme l’ensemble du parcours : celle du jardinier.

L’exposition entend ainsi mettre à l’honneur ceux qui, notamment en France, constituent depuis plus de 30 ans une génération d’exception : jardiniers, paysagistes, auteurs d’initiatives inédites où le jardin est travaillé pour son usage écologique et social, participent à ce rassemblement qui entend lui aussi mêler connaissance et délectation.

Peint, sculpté, photographié, ce dernier est mis à l’honneur, depuis les premiers croquis jusqu’aux outils du travail quotidien. Le temps de la conception est abordé grâce à un rassemblement de dessins et de plans. La présentation des évolutions chronologiques se trouve rythmée par des moments propices à la méditation comme autour des Acanthes de Matisse qui parle de ses gouaches découpées comme d’un art qui se construit à la manière d’un “petit jardin”.

Jardin du Luxembourg

Sur les grilles du jardin du Muxembourg, pendant la même période, seront présentées 80 images, oeuvres de grands noms de la photographie. Ces photographies témoigneront, d’une part, de l’intérêt patrimonial du jardin au travers de grands noms de la photographie et, d’autre part, de sa valeur artistique à travers l’objectif du photographe Jean-Baptiste Leroux, reconnu pour son travail sur les jardins labellisés “Jardin Remarquable”.

 

Maison du Bracelet d’Or

Claude Monet, Le Déjeuner (détail) vers 1873 Musée d’Orsay, Paris © Photo Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Claude Monet, Femmes au jardin / Photo H. Lewandowski © RMN-Grand Palais / Musée d\’Orsay)

 

Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), La fête à Saint-Cloud, huile sur toile, 2,16 x 3,35 m, Paris, Hôtel de Toulouse, siège de la Banque de France.

Jean-Antoine Watteau, Assemblée dans un parc, 1716 © Rmn-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Emile Claus, Le vieux jardinier, 1885 © Ville de Liège – Musée des Beaux-Arts de la Boverie

 

Jardins, Galeries nationale du Grand Palais

 

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