©Teun Depreeuw, Muurtuin

Les avantages de la végétation verticale

Le bâtiment « ‘t Centrum » van Kamp C, récemment inauguré à Westerlo, est l’immeuble de bureaux le plus circulaire du Benelux. La province d’Anvers a ainsi créé un catalyseur pour la construction et les travaux circulaires en Flandre et au-delà. Nous avons visité ce bâtiment pour en savoir plus sur sa gestion circulaire de l’eau.

La végétalisation des façades, des toits et de l’environnement direct est un excellent moyen d’améliorer la circularité. En effet, la végétation fournit au bâtiment des services écosystémiques favorisant la circularité. Il s’agit de services gratuits fournis par la nature. « ‘t Centrum » mise donc pleinement sur la végétalisation des murs.

Ces deux innovations retiennent l’attention :

  • La végétation verticale pour un meilleur climat intérieur (Muurtuin) et pour le traitement des eaux usées (TotalValueWall®).
  • L’utilisation circulaire des eaux usées dans un immeuble de bureaux circulaire.

Murs végétaux

« ‘t Centrum » dispose de deux murs végétaux, chacun avec ses propres qualités circulaires. Le mur végétal intérieur, un jardin mural classique, a un impact positif sur le cadre de vie. L’effet exact sera mesuré avec précision. Le mur végétal extérieur est un TotalValueWall®. Il sert d’enveloppe à une partie du bâtiment, la végétation ayant un effet isolant supplémentaire. Le mur est alimenté par les eaux grises. Il s’agit des eaux usées provenant des éviers, des douches et de la cuisine. Les plantes choisies sont adaptées pour un assainissement vertical de l’eau. Les eaux grises nourrissent les plantes, tandis que l’excédent d’eaux usées traitées est utilisé pour les chasses d’eau.

TotalValueWall® est un système breveté. Outre ses qualités esthétiques, il présente les avantages suivants :

  • Il améliore l’isolation thermique et acoustique.
  • Il lutte contre l’effet d’îlot de chaleur.
  • Il réduit la consommation d’énergie des bâtiments et les besoins en climatisation et en chauffage.
  • Il améliore la qualité de l’air en absorbant les particules fines et le CO2, entre autres.
  • Il améliore la biodiversité.
Le bâtiment « ‘t Centrum » van Kamp C, récemment inauguré à Westerlo, est l’immeuble de bureaux le plus circulaire du Benelux.
©Teun Depreeuw, Muurtuin

Flux d’eau

Tous les flux d’eau sont collectés séparément et envoyés dans un circuit distinct (voir schéma). Le projet est ainsi conforme à la réglementation. Une citerne de 30 000 litres recueille les eaux de pluie. La citerne dispose d’un trop-plein vers une zone d’infiltration sur le site. L’eau de pluie est traitée par un triple filtre, composé d’un filtre grossier, d’un filtre fin et d’un filtre à charbon actif. Cette eau de pluie traitée sert à irriguer le jardin mural à l’intérieur et les toilettes au deuxième étage. L’excédent d’eau du jardin mural est drainé vers la zone d’infiltration extérieure, et l’excédent d’eau de la citerne est utilisé pour remplir les réservoirs d’eaux grises.

Les eaux grises provenant des lavabos, des douches et des cuisines sont stockées sous forme non traitée et traitée dans deux citernes souterraines de 2 000 litres. Ces citernes ont un trop-plein relié au système d’égouts. Un filtre à graisse est prévu avant la citerne d’eaux grises. Le TotalValueWall ® purifie les eaux grises de la première citerne, qui sont ensuite dirigées vers la deuxième citerne. L’eau passe alors par un triple filtre (comme l’eau de pluie) et est utilisée pour les toilettes du rez-de-chaussée et du premier étage. Aucun autre traitement bactérien n’est nécessaire, car l’eau de pluie et les eaux grises ne sont pas destinées à la consommation humaine.

La quantité d’eaux grises est insuffisante pour alimenter le TotalValueWall ® ? Dans ce cas, la citerne d’eaux grises est complétée via la citerne d’eau de pluie. Et si cette dernière n’est pas disponible, elle est remplie avec de l’eau de ville. Les eaux noires, qui proviennent des toilettes, s’écoulent dans le réseau d’égouts. Les utilisateurs peuvent surveiller numériquement tous les flux d’eau à l’aide d’un module Calculus et d’une application développée en interne.

Le bâtiment « ‘t Centrum » van Kamp C, récemment inauguré à Westerlo, est l’immeuble de bureaux le plus circulaire du Benelux.
©Teun Depreeuw, Muurtuin

Coût

Le TotalValueWall et le jardin mural coûtent chacun 600 à 700 euros/m². Il y a toutefois certains investissements supplémentaires à prendre en compte. Dans ce projet, par exemple :

  • un réseau de canalisations supplémentaire pour le circuit des eaux grises ;
  • une pompe supplémentaire ;
  • un réservoir tampon supplémentaire ;
  • un triple système de filtrage ;
  • un suivi en ligne et un contrôle quantitatif des flux d’eau ;
  • des travaux électriques supplémentaires.

Kamp C a investi à la fois pour le circuit d’eaux grises et pour le circuit d’eaux pluviales. Un circuit supplémentaire d’eaux grises entraîne des coûts supplémentaires. Un système de distribution unique pour les eaux grises et les eaux pluviales serait nettement moins coûteux, mais ne correspond pas à la réglementation en vigueur.

Outre l’investissement, il faut penser à l’entretien – qui a aussi évidemment un coût :

  • Coût d’entretien des murs végétaux (jardin mural et TotalValueWall®) : en règle générale, il faut tailler annuellement et désherber au moins une fois par an, mais aussi replanter si nécessaire. En outre, il faut rincer les canalisations et réaliser un check-up général au printemps. Tout cela se fait facilement via un contrat d’entretien.
  • Coût énergétique et coût d’entretien du circuit supplémentaire d’eaux grises.

Point problématiques

Nous le disions plus haut, le projet serait beaucoup moins coûteux avec un circuit mixte pour les eaux pluviales et les eaux usées traitées. Dans ce cas, seuls deux circuits seraient nécessaires, un pour l’eau de ville et un pour les eaux de deuxième circuit. Cependant, la législation environnementale interdit de raccorder les eaux usées traitées à l’installation d’infiltration. En effet, les éventuels polluants doivent être évacués le plus rapidement possible pour éviter qu’ils ne pénètrent dans la nappe phréatique. Mais on peut se demander si ce risque minime fait réellement le poids face à l’importance de la reconstitution de la nappe phréatique. Dans ce cas, il n’y a pas de
différence majeure en termes d’impact environnemental entre l’infiltration et le rejet, puisqu’il s’agit d’eaux usées hautement diluées et traitées.

Outre ces questions juridiques, il existe également des difficultés techniques. Vu le développement récent du TotalValueWall®, il est très important de contrôler la qualité de l’eau. Cela peut fournir une indication pour les projets à venir utilisant ce système et stimuler l’utilisation de l’infiltration pour les eaux grises traitées. Il faut également un système abordable, avec des capteurs abordables. Aujourd’hui, la collecte et le traitement des eaux grises sont encore coûteux. Pour réduire le coût, le responsable de la mise en oeuvre a développé son propre système de contrôle avec sa propre application. Le coût de cet investissement unique est estimé entre 600 et 1 000 euros. Pour les projets futurs, un abonnement annuel sera proposé.

Autre aspect technique : la couleur de l’eau traitée et de l’eau de pluie. Beaucoup d’utilisateurs trouvent la couleur jaune pâle ou brune dérangeante ou déroutante (la chasse d’eau a-t-elle bien été tirée ?). C’est une question de perception. On pourrait y remédier en optimisant les granulés, pour faire disparaître la couleur par lixiviation. Une bonne communication sur la réutilisation des eaux usées traitées peut également aider.

Enfin, il faut également tenir compte des problématiques d’organisation. En tant qu’architecte, vous devez intégrer l’idée du recyclage des eaux grises suffisamment tôt dans le processus et l’inclure dans les plans de conception initiaux. Vous éviterez ainsi les problèmes ultérieurs, lors de l’inspection du réseau d’égouts. Plus vous entamez tôt les négociations avec le gestionnaire du réseau d’égouts et l’Agence flamande de l’environnement, avant même la demande de permis d’environnement, plus vous avez de chances de garder le coût du projet sous contrôle. Il vous faudra aussi convaincre le client, à qui le coût supplémentaire n’échappe pas, mais qui n’est peut pas suffisamment au fait la valeur ajoutée des murs végétaux.

Pour tous les partenaires de la construction, inclure des matériaux vivants dans un projet est une étape difficile. La sensibilisation est donc cruciale.

À faire

Comment optimiser davantage ce concept ? Il faut avant tout améliorer la communication et l’information par rapport au recyclage des eaux grises. Car plus nous partagerons notre savoir-faire, plus il sera facile pour les architectes et les clients d’intégrer le système dans la construction dès les premières étapes du projet. Des diagrammes tels que celui présenté dans cet article peuvent y contribuer.

En outre, la NAV ainsi que les autres parties prenantes et le gouvernement travaillent sur des solutions concrètes dans le cadre du projet ‘Waterbewust Bouwen’ (visant à développer des bâtiments respectueux de l’eau). Le projet prévoit notamment un Code de bonnes pratiques, dans lequel nous expliquerons les aspects techniques de ce type de système. Nous contrôlerons aussi régulièrement la qualité des eaux grises traitées. Ces résultats nous donneront sans aucun doute de nouvelles informations sur l’infiltration, ce qui nous permettra de rendre le système moins onéreux.


texte : Silvia De Nolf, Veerle Depuydt & Vlakwa vermelden
images : Teun Depreeuw, Muurtuin